L’Allemagne n’est pas sortie de l’auberge !

Après bien des péripéties, la grande coalition allemande est finalement reconduite. Un tiers des militants du SPD a seulement voté contre et cela n’a pas suffi pour l’empêcher.

La publication de deux sondages catastrophiques pour le SPD ont fait craindre une nouvelle convocation des électeurs si le non l’avait emporté. Kevin Kühnert, le leader des Jusos, qui a fait très activement campagne en sa faveur, a tenté de crédibiliser l’option alternative d’un gouvernement minoritaire de la chancelière, qui n’y avait pas davantage intérêt, mais il n’y est pas parvenu.

Les conditions dans lesquelles Angela Merkel va entamer son quatrième mandat ne sont pas idéales. Devant la contestation qui montait dans ses propres rangs, elle a accordé le portefeuille de la santé à son principal contradicteur, Jens Spahn, dans le but manifeste de le neutraliser. Mais pour de nombreux cadres de la CDU, elle a fait la part trop belle au SPD pour remporter son adhésion et cela ne suffira pas. Les dirigeants de celui-ci vont également être soumis à une forte contestation interne.

La grande coalition va disposer d’une majorité étriquée de 53% des voies au Bundestag et part donc avec des insatisfaits des deux côtés. Angela Merkel a même dû concéder à ses partenaires du SPD une clause de sortie au bout de deux ans, qui selon certains pourrait être l’occasion pour elle de tirer sa révérence. Raison pour laquelle elle aurait déjà intronisé sa dauphine en la personne d’Annegret Kramp-Karrenbauer, qu’elle a nommée secrétaire générale de la CDU. La chancelière était bien connue pour ne pas prendre de risques, n’y ayant dérogé que pour autoriser l’entrée d’un million de réfugiés, alors que son gouvernement, soumis à des fortes pressions contradictoires, ne va offrir qu’une stabilité relative.

Elle est aussi attendue sur le terrain social par des syndicats encouragés par le succès obtenu par IG Metall auprès du patronat. Elle va aussi être surveillée de près dans ses négociations européennes par les cadres de la CDU. Et Kevin Kühnert, qui a fait état de sa déception dans un tweet, a sans attendre annoncé vouloir contribuer au renouvellement de son parti « dès demain ! ».  Les divisions internes aux deux partis de la coalition ne vont pas lui simplifier l’existence.

Pour la nouvelle présidente du SPD, Andrea Nahles, la chancelière connait « le crépuscule des déesses ». C’est aussi celui des grandes coalitions, pour lesquelles une formule de remplacement devra être trouvée. L’échec rencontré lors des négociations de la formule d’une coalition à la Jamaïcaine a montré qu’elle n’est pas toute trouvée.

6 réponses sur “L’Allemagne n’est pas sortie de l’auberge !”

  1. Bonsoir, François Leclerc.

    Trois-quatre mois de pourparlers à Merkel IV pour former son gouvernement et un compromis le jour des élections italiennes !?!… Et qui qui va prendre le contrôle de la BCE !??!… Ce n’est plus la démocratie a réinventé en EU, le fédéralisme est en marche, et tout le monde applaudi !???!…

    Allons-y, puisqu’il faut encore sauver les banques… le résultat sera à la hauteur des attentes, une idéologie ne fait pas la politique, comme une hirondelle ne fait pas le printemps.

    Au plaisir de suivre vos décodages dans ce jeu diabolique.

  2. Bonsoir monsieur Leclerc,
    Je vous suis avec intérêt
    Une question pratique: êtes vous sur twitter?
    Je ne vous trouve pas. Ce serait plus simple pour, au moins, savoir quand vous faites paraître un nouveau billet.
    Je ne pense pas à venir systématiquement voir si vous avez « sorti » un nouveau « papier »
    merci

  3. « …succès obtenu par IG Metall auprès du patronat… »

    ?????????????

    Que pense le patronat français de ce succès du syndicalisme ouvrier allemand ? Lisons le journal « Les Echos »:

    « Les salariés de la métallurgie allemande pourront travailler 28 heures par semaine, mais sous conditions. »

    Ah ça commence mal. Quelles sont ces conditions ?

    « …C’était une demande phare du syndicat IG Metall. Les salariés de la métallurgie allemande vont avoir le droit de réduire leur temps de travail à 28 heures par semaine, grâce à un accord de branche signé dans la nuit de lundi à mardi entre le syndicat et les employeurs du secteur. D’une forte portée symbolique dans la première économie européenne, cet accord sera appliqué sans compensation salariale et pour un temps limité… »

    Aucune compensation salariale, en clair vous bossez 28 heures vous êtes payés 28 heures. Franchement le temps partiel c’est une chose assez commune en France. Pas de triomphalisme donc !

    « …S’il s’agit d’une avancée (sic) pour IG Metall, celui-ci n’a toutefois obtenu satisfaction d’une autre de ses revendications clés : que les salariés concernés bénéficient dans le même temps d’une compensation financière partielle de leur employeur pour le manque à gagner. Il s’agira donc d’un temps partiel strict… »

    Cette avancée pour les salariés n’en est donc pas une, mais par contre le patronat allemand, lui il peut se prévaloir d’une belle d’avancée, faire sauter le verrou des 35 heures. De quoi faire rêver le patronat français.

    « …Plus de flexibilité en échange. Le patronat a obtenu en échange davantage de flexibilité pour augmenter le temps de travail à 40 heures par semaine pour les salariés qui le souhaitent, contre 35 heures en moyenne dans le secteur… »

    Faut-il avoir l’art consommé de présenter des reculs pour des avancées, des défaites pour des victoires pour claironner:

    « …La fédération des employeurs de ce secteur, qui comprend notamment l’industrie automobile, évoque dans un communiqué un « compromis supportable » mais contenant des « éléments douloureux ».

    Ce compromis est très supportable pour le patronat certes, il va l’être infailliblement un peu moins pour les travailleurs, qui ne vont évidemment pas, dans leur grande majorité, pouvoir se satisfaire de ne travailler que 28 heures ( les salariés me comprendront ), mais par contre peuvent dire adieu au 35 heures et les heures supplémentaire majorées, en revenir au 40 heures payées 40, sans majoration. Merci IG Metall !

    « …L’accord a été conclu après des semaines de négociations et des débrayages dans les usines de la part d’IG Metall… »

    Et la direction IG Metall , même pas pour un plat de lentille, alors que le début de mobilisation était significatif, alors que le prolétariat répondait présent, a préféré courageusement … se coucher.

    C’est ce type de comportement qui explique pour beaucoup qu’en Allemagne comme en Italie, et bien sûr en France, les classes populaires vont se réfugier dans l’extrême droite.

    La gauche, les chefs ouvriers sont en dessous de tout !

    En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301257322764-ig-metall-et-le-patronat-allemand-saccordent-sur-la-semaine-de-28-heures-2151135.php#K2ibpb0s1SWFbId2.99

  4. Il conviendra de surveiller également le ministère des affaires étrangères car ce dont ne parle aucun media c’est la fracture au sein du SPD. Martin Schulz étant sur une ligne atlantiste alors que son concurrent Sigmar Gabriel sur une ligne post atlantiste pour l’Europe (ses discours en témoignent). Pour l’instant Schulz semble avoir perdu la partie (la direction du parti, le poste de ministre des affaires étrangères). Ce point est loin d’être négligeable. A suivre

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